Le 5 juin 1983, Yannick Noah a écrit une page mémorable dans l’histoire du tennis français et mondial en se faisant connaître du grand public. Dans une récente entrevue accordée à Yahoo actu ce lundi 29 mai, le joueur de tennis a accepté de se livrer et de partager son parcours, notamment son arrivée en France qui n’a pas été facile. « Le premier choc que j’ai ressenti, c’était quand je suis arrivé en France en 1972, j’avais 12 ans », se souvient-il.
« C’était la première fois que je quittais mon pays. J’ai tout de suite été catalogué comme le premier ‘black’. J’ai ensuite poursuivi mes études au lycée du Parc Impérial à Nice, où nous étions deux ‘café au lait’ parmi 2 000 élèves. C’était une différence à laquelle je n’étais pas habitué. Au Cameroun, je ne la ressentais pas, mais j’ai rapidement compris que c’était le regard des autres qui avait changé. Cette différence m’a plu et je l’ai saisie comme une opportunité », confie Yannick Noah.
Le jeune Yannick Noah a décidé de considérer cette différence comme un atout. À l’âge de 12 ans, il était déjà précoce. « Quand je suis arrivé en sport-études, les autres avaient environ 14 ou 15 ans, donc il y avait une grande différence », explique-t-il. « Il y avait beaucoup de bizutages ». Cependant, le jeune Yannick était déterminé à ne pas se laisser faire. « Je me suis dit dès le départ qu’il y avait quelque chose à faire.
Vous allez voir, je vais vous montrer de quoi je suis capable », affirme-t-il avec assurance. « Je suis peut-être petit pour l’instant, mais un jour, je vous surpasserai ». Pour y parvenir, Yannick Noah a tout mis en œuvre et a travaillé dur pour devenir une icône du tennis. « C’est grâce à ma raquette que je pouvais exister et répondre à tous les sceptiques », déclare-t-il. Il s’entraînait quotidiennement, se levant à 6h30 pour effectuer 30 minutes de service seul. Il s’entraînait 15 heures de plus que les autres. « J’ai donné le meilleur de moi-même pour atteindre mes objectifs », conclut-il.
Ce n’est pas la première fois que Yannick Noah évoque son arrivée en France. À seulement douze ans, il a été victime d’humiliations et de racisme, des souvenirs douloureux qui l’ont marqué. « Quand on est enfant, ce sont surtout les humiliations et les bizutages qui laissent des traces. J’étais le plus petit, et ils ne bizutaient pas le ‘Bamboula’, mais le petit nouveau, c’était le jeu », se souvient-il dans une interview accordée à Society en mai 2022.
« Ils voulaient me déshabiller immédiatement, faire des blagues de mauvais goût avec des tubes de dentifrice ou du cirage. C’était classique. Je n’aimais pas ça. Mes parents étaient loin, et il y a eu certains moments que j’ai détestés », confie-t-il. Cette période difficile a forgé son caractère et a contribué à sa brillante carrière sportive, où il a su faire preuve d’une résilience exceptionnelle.