Chaque été, le scénario se répète dans le Gard : des maires impuissants, des terrains municipaux occupés sans autorisation, et une montée de la tension politique.
Cette fois, les députés RN du département montent au créneau, dénonçant l’inaction de l’État face à ce qu’ils…
Chaque été, le scénario se répète dans le Gard : des maires impuissants, des terrains municipaux occupés sans autorisation, et une montée de la tension politique.
Cette fois, les députés RN du département montent au créneau, dénonçant l’inaction de l’État face à ce qu’ils qualifient de « délinquance organisée ». Leur initiative législative relance le débat sur les limites du droit et les capacités d’action des collectivités. Depuis plusieurs semaines, plusieurs communes gardoises sont confrontées à l’installation illégale de groupes de gens du voyage sur des terrains publics. Saint-Gilles, Saint-Hilaire-de-Brethmas, Aimargues : le phénomène n’est pas nouveau, mais il prend une ampleur jugée préoccupante par les élus locaux. Des dizaines de caravanes s’installent parfois en dehors des aires prévues, souvent sans autorisation, provoquant l’exaspération de certains habitants et maires.
Ces installations, parfois prolongées, entraînent selon les élus des dégradations, des branchements sauvages à l’eau ou à l’électricité, et des frais imprévus pour les collectivités. Ce sont ces surcoûts, estimés à plusieurs milliers d’euros à chaque intervention, que les députés RN dénoncent comme une forme d’injustice budgétaire à l’égard des communes déjà fragilisées.
Une réponse politique orchestrée par les députés RN
Face à ce qu’ils décrivent comme un laisser-faire de l’État, cinq députés RN du Gard ont décidé de faire front commun. Yoann Gillet, Nicolas Meizonnet, Pierre Meurin, Pascale Bordes et Sylvie Josserand ont publié une déclaration conjointe pour exprimer leur colère et leur soutien aux maires « désarmés ». « Nous condamnons avec force la multiplication des occupations illicites… », déclarent-ils d’une seule voix, appelant à un changement radical de méthode.
Dans leur viseur : le manque d’outils juridiques pour obtenir rapidement l’évacuation des terrains. Leur réponse est claire : une proposition de loi, déjà déposée à l’Assemblée nationale, vise à supprimer les freins aux procédures de mise en demeure. « Il est urgent de donner aux élus les moyens d’agir avec fermeté », martèlent-ils, insistant sur la nécessité d’un cadre plus répressif.
L’appel appuyé à Bruno Retailleau
Loin de s’en tenir à une simple déclaration, les députés RN interpellent également le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dernier, ancien chef de file des Républicains au Sénat, est accusé d’adopter un ton martial sans pour autant concrétiser ses engagements. « Nous lui demandons de soutenir notre proposition de loi s’il veut prouver sa sincérité », écrivent-ils, soulignant l’urgence d’une réponse étatique à ce qu’ils qualifient d’« actes délictueux inacceptables ».
L’attaque est aussi politique : le texte des députés RN met en cause le « laxisme » des gouvernements successifs. Pour eux, le problème dépasse les seules communes du Gard. Il illustre selon eux un affaiblissement plus large de l’autorité de l’État face à des infractions répétées.
Une question plus large que le seul Gard
Cette prise de position intervient dans un contexte de tension nationale sur la question des aires d’accueil des gens du voyage. Si la loi prévoit l’obligation pour certaines communes d’aménager ces espaces, nombreux sont les élus qui dénoncent leur saturation, voire leur inexistence, et regrettent le manque de moyens pour faire appliquer les décisions de justice.
La proposition de loi portée par les députés RN relance donc un débat de fond : comment concilier liberté de circulation, respect du droit à l’accueil et préservation de l’ordre public ? Pour l’heure, le gouvernement n’a pas encore réagi à cette initiative, mais le sujet pourrait s’imposer à la rentrée dans l’agenda politique.
En toile de fond, une interrogation demeure : la réponse doit-elle être uniquement répressive, ou passe-t-elle aussi par une meilleure anticipation, une concertation plus soutenue, et des moyens accrus pour les collectivités ? Une équation complexe à laquelle élus locaux et nationaux sont, une fois de plus, sommés d’apporter une solution.